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AVEC LA CHINE, QUAND LE BENIN JOUE A QUI PERD GAGNE

AVEC LA CHINE, QUAND LE BENIN JOUE A QUI PERD GAGNE Nous sommes déjà inondés d'engins, de gadgets et d'objets divers venus de la chine lointaine. Nous le serons davantage quand dans la soudaine apparition d'un

AVEC LA CHINE, QUAND LE BENIN JOUE A QUI PERD GAGNE

Nous sommes déjà inondés d’engins, de gadgets et d’objets divers venus de la chine lointaine. Nous le serons davantage quand dans la soudaine apparition d’un environnement nouveau peuplé d’édifices chinois, nous verrons nos joies se transformer en peines car nous aurons constaté que nous avons acheté à prix d’or le gratuit que l’on a jeté de façon désintéressée dans l’arrière cour de notre maison. La façade révélera alors au grand jour ce qu’elle croyait cacher, et le peuple reconnaîtra sans détours le visage de ses vrais amis.

avec-la-chine-quand-le-benin-joue-a-qui-perd-gagne-3Page de publicité de l’agence de location des salles du palais des congrès…
1972 : la Chine n’avait pas encore la rapacité que le monde lui connaît aujourd’hui. Le Bénin révolutionnaire venait de faire irruption sur la scène internationale en proclamant tout de go – La caractéristique fondamentale et la source première de l’arriération de notre pays, c’est la domination étrangère». La Chine, généreuse éternelle, voulait alors nous offrir quelque onze milliards de francs CFA de l’époque.
Nos maîtres d’hier imposèrent tant de conditions à la convertibilité que le transfert n’eut point lieu, ce qui donna naissance au stade de l’amitié, joyau architectural incontestable à l’époque. Représentait-il la totalité de l’investissement programmé, on ne le saura jamais. Mais 1972, c’est déjà un passé lointain, et ce que le Bénin, République Populaire comptait d’architectes et d’Urbanistes devrait être bien maigre.
Nous savons qu’il y a eu d’autres joyaux depuis mais, à quel prix ? Il y a eu le Centre Culturel Chinois qui est le symbole pur de son objet,
les tambours inversés du Palais des Congrès,

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la SOBETA à Ouidah ,
la SITEX a Lokossa , en attendant le Centre Commercial Chinois au cœur de la ville de Cotonou, un style international pur, une boîte qui émerge lentement devant nos yeux, invisible par les Talibans du permis de construire qui imposent à notre volonté d’architectes nationaux, la volonté d’aveugles exquis abattant par choix multiples les élans des plus volontaires de nos concitoyens qui daignent encore se plier à ce noble exercice,
La question curieuse qui se pose malheureusement à notre ego est de savoir si nous sommes véritablement libres, si nous sommes indépendants. Pourtant quarante huit années se sont écoulées, et la cinquantaine bientôt, depuis que nous passons notre temps à tourner le dos à notre propre drapeau, à fouler aux pieds royalement les textes fondamentaux qui portent notre république. Il est vrai que, Africains, nous sommes poreux à tous les souffles du monde. Nous avons célébré jalousement le livre rouge de Mao, comme nous avons lu avec extase, le Capital de Marx. Mais la mondialisation des idées n’est pas la mondialisation des formes.
Les formes sont attachées au milieu comme le résultat d’un
 génie unique de l’homme ayant investi les recoins de ce
milieu. Elles assurent une harmonie utile entre l’objet et
l’être, celle qui évite au dernier toute névrose imputable
aux signes émis par le premier. Le temple d’Anchor n’est 
pas le temple d’Abomey, pas plus que la pagode de Chine
 n’a rien à a voir avec la case Mousgoun du Tchad. Pour
tant tous participent d’une histoire, l’histoire de l’humanité
 qui veut qu’en un temps, qu’en un lieu la matière prenne
forme sous le génie de l’homme unique et diversifié qui a
tant changé la face du vieux monde.

Mais si nous admettons que le métissage est l’avenir du 
monde, cela ne devrait jamais servir de prétexte à un enva
hissement volontairement tacite qui va donner naissance à 
un monstre hybride d’où ni la Chine, ni le Bénin ne sortiront 
gagnants. Que la Chine construise au Bénin, d’accord, que
 le Bénin ne construise pas en Chine, on s’en moque à la li
mite. Mais, tout objet architectural doit s’attacher à l’esprit 
d’un lieu. Le contraire ne sera pas sage, et pire ce sera un
 mauvais présage.

Planche Archi

Yaya LAWAN| Architecte

nicouer@yahoo.fr

Architecte diplômé de l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble, Consultant en Innovation, Steve est le fondateur et directeur de publication du webmagaine archicaine.

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