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BENIN.Interview de Max Faladé le tout premier architecte noir francophone

Né en 1927, M. Max Faladé est le tout premier architecte noir francophone. Dans cette interview, il vous replonge dans le passé et se prononce sur l'Ordre national des architectes du Bénin, qu'il a eu

Né en 1927, M. Max Faladé est le tout premier architecte noir francophone. Dans cette interview, il vous replonge dans le passé et se prononce sur l’Ordre national des architectes du Bénin, qu’il a eu à diriger.

” Mon exemple a certainement montré aux autres que c’était possible”

Max FALADE Architecte -Urbaniste

Vous êtes connu de par l’Afrique comme le premier architecte noir francophone. Aujourd’hui vous n’êtes plus en activité, n’est-ce pas là une perte pour le Bénin et le continent ?

Effectivement j’ai été peut-être le 1er africain noir dans tous les cas, à faire l’école des beaux arts section architecture, après la guerre en 1945. A l’époque il ne doit pas y avoir, en tant que je le sache, aucun africain noir à l’école des beaux arts suivant les activités d’études d’architecture en France, d’autant plus que les écoles qui formaient les architectes en France, il y en avait relativement peu et il y avait l’école des beaux arts, l’école spéciales. Et je crois qu’à peu près à la même époque où plus tard, il y eut une autre école à Strasbourg. A l’époque on était tous français donc j’ai dit je vais me présenter au concours d’entrée à l’école des beaux arts, c’est peut-être en cela que j’ai été le 1er africain noir à entamer les études d’architecture dans ce cycle parce que nous ne pouvions pas à notre époque participer à des concours du genre, si on n’est pas assimilé à des citoyens français. C’est peut-être en tant que tel qu’il faut me présenter en tant que 1er africain noir à participer au concours des beaux arts à Paris. L’école à l’époque, comme toutes les autres écoles françaises, acceptait des non français mais ils étaient admis non pas à titre français mais à titre d’élève ayant le niveau pour suivre les études. Le concours sélectionnait un certain nombre d’individus qui prouvaient qu’ils avaient le niveau nécessaire pour pouvoir poursuivre ses études. On était sous administration coloniale et nous étions soucieux de notre avenir et de celui de nos pays, surtout en ce qui concerne la dimension politique.A cet effet, et quelles que soient les difficultés, nous étudions en réfléchissant à l’évolution politique de nos pays.

Vous aviez beaucoup travaillé à l’extérieur, qu’aviez-vous apporté à l’Afrique et au Bénin ?

Ma pierre pour la construction du Bénin et de l’Afrique doit être minime. Moi j’étais architecte et peut-être la 1ère contribution c’est le fait d’avoir réussi à entrer à l’école des beaux arts et montrer à d’autres Africains que c’était accessible car c’était un concours qui était jugé difficile qui, par la suite n’a plus eu lieu d’être puis que très rapidement il y a eu les indépendances. De mon temps comme africain noir pouvant entrer sans être présenté au concours, c’était ceux qui étaient sous protectorat  :   le  Cameroun,   le Togo et d’autres pays africains noir. Mon exemple a certainement montré aux autres que c’était possible, mais très rapidement l’évolution politique de l’Afrique quelques-uns ont pu faire preuve de leurs capacités à survoler les études et non plus à être obligé de passer par la porte du concours d’entrée qui était une porte très étroite. Alors ? revenant à votre question je dois dire que je n’ai pas beaucoup exercé parce que tout simplement je n’avais pas tellement beaucoup de relation à proprement parler et comme c’était sous administration française ? j’aurais. peut-être pu être admis à des organisations de l’administration française à titre d’architecte quel que soit le fait que je sois africain ou pas. Je n’ai pas essayé parce que j’avais des amis qui travaillaient à l’époque dans le cadre des Nations Unies et nous avions l’impression que c’était un cadre qui nous permettait d’essayer d’apporter des réponses et des solutions à la réflexion sur la situation de l’Afrique : situation sociale, situation politique etc.. C’est dans ce cadre là que je suis allé aux Nations-Unies. J’y suis resté pour beaucoup travailler.

Après tout ceci, vous êtes revenu au pays et porté à la tête de l’ordre Nationale des architectes du Bénin. Parlez-nous de votre expérience ?

Naturellement comme toute structure qui en est à sa fondation il y avait un certain nombre de problèmes qui, je crois, se posaient mais il y avait surtout le fait que les membres de l’ordre montraient beaucoup de dynamisme, donc je savais que quoi qu’il en soit, les questions qui se posaient sauraient trouver des réponses qui correspondaient à la caractéristique, aux particularités du Bénin. Moi j’ai essayé d’apporter une petite expérience dans ce domaine là et puis l’ordre a continué son chemin, moi aussi je me suis retiré. Je n’étais pas le 1er président, l’ordre existait bien avant moi. Je n’ai été que l’un des présidents pendant cinq ou six ans. C’était déjà au moment où je suis allé à la retraite puisque je suis rentré au pays qu’à l’âge de la retraite tel qu’il existait dans le système des Nations-Unies. On n’était pas indispensable une fois revenu au pays, mais je crois qu’on a essayé de résoudre un certain nombre de problèmes. J’ai peut-être fait preuve parfois de maladresse aux questions qui se posaient. D’autres collègues ont eu à faire face aussi à des préoccupations urgentes. Petit-à-petit les choses ont trouvé des réponses et l’ordre fonctionne tel que vous pouvez le voir maintenant. Je pense que les réponses qui ont été trouvées ne sont pas à négliger, surtout qu’elles font penser que l’ordre a toujours un avenir et est toujours un organisme vivant qui a sa place dans l’évolution des choses au Bénin. Je précise que l’ordre a prouvé le fait que c’est un organisme vivant et qu’il a montré ses capacités à faire face aux difficultés. Il doit continuer parce qu’il a sa place dans la société moderne d’aujourd’hui.

Propos recueillis par N.E. Source: ordre national des architectes urbanistes du BENIN

nicouer@yahoo.fr

Architecte diplômé de l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble, Consultant en Innovation, Steve est le fondateur et directeur de publication du webmagaine archicaine.

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1 COMMENT
  • Patrice AWADIDA 4 décembre 2019

    Merci M Steve Nicoué Kotey, pour le vaillant travail que vous faite dans le domaine de l’architecture en générale. j’ai passé des jours a chercher des information sur M. Max FALADE, ce grand homme de chez nous, mais franchement j’avoue que c’est à travers Archicaine que j’ai eu les plus intéressantes informations. merci à vous.
    je passe rapidement une suggestion. il y a très peu d’informations sur les architectes africains, noir et surtout ceux qui sont décédé. et nous qui faisons un formation en architecture, maîtrisons presque tout sur les: les Norman Foster, les ZAHA Hadid; les Ando… mais nous n’avons pas grandes info sur les architectes africains qui sont morts. je pense que même si ceux ci non pas produit de grandes œuvres à révolutionner l’histoire et l’architecture, ils on certainement produit des structure dont qui répondent à nos réalités africaine. et je voudrai que vous continuez à parler de ces architecture qu’on semble oublier avec leur architecte. merci

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