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ENVRONNEMENT.Les causes de la déforestation dans le nord du Sénégal

Les causes de la déforestation dans le nord du Sénégal deforestation  à Thillé Boubacar (nord du Sénégal) © Younous Kane La zone sahélienne de façon générale, mais la vallée du fleuve Sénégal particulièrement se dégrade, s'appauvrit, bref se

Les causes de la déforestation dans le nord du Sénégal

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deforestation  à Thillé Boubacar (nord du Sénégal)
© Younous Kane

La zone sahélienne de façon générale, mais la vallée du fleuve Sénégal particulièrement se dégrade, s’appauvrit, bref se désertifie. Cette crise de désertification n’est pas un fait nouveau. Le phénomène a dû commencer il y a 30 à 35 ans et s’est aggravé par l’arrivée des peuls guinéens fuyant la dictature, à qui le président Senghor avait accordé asile avec autorisation d’exploitation forestière. A Thillé Boubacar (Sénégal) le phénomène prend une ampleur sans précédent…

Le facteur climatique est incontournable mais le facteur humain est plus que déterminant dans le processus de désertification du sahel. L’action néfaste de l’homme à la suite de la sécheresse des années 1974 s’étant traduit par la coupe des arbres pour combler les besoins énergétiques et économiques, la conscience tardive des populations rurales, l’arrivée des peuls guinéens, le coût onéreux de l’énergie combustible et la politique de gestion des ressources naturelles peu soucieuses de l’avenir sont autant de facteurs qui constituent les catalyseurs du désastre.
Les causes de la déforestation

La déforestation qui provoque une accentuation des phénomènes d’érosion, de latérisation est l’une des phases cruciales menant à l’installation du désert dans la vallée. La progression rapide de la population des villages du nord, est à l’origine de la « colonisation » intense de la zone agropastorale et une augmentation des besoins avec le développement des circuits d’échanges qui ne se limitent plus seulement à la satisfaction des besoins cruciaux.

La mauvaise politique énergétique de l’Etat du Sénégal oblige les populations à surexploiter les ressources les plus accessibles : le bois, à la fois pour les besoins domestiques et pour l’exportation vers les grands centres urbains comme Dakar où le prix de revient d’un seul sac de charbon équivaut au triple du prix acheté.

La situation dans le nord devient alarmante et elle a été aggravée par la reforme qui a décentralisé les permis de coupe au niveau des collectivités locales qui ignorent parfois l’intérêt à préserver nos ressources. Au niveau institutionnel, l’Etat n’accorde pas le crédit qu’il faut aux ressources naturelles et s’en sert également pour ratifier les grandes conventions pour la préservation de la nature dans le but de bénéficier des financements. On a vu l’exemple des bateaux russes qui ont décimé ces dernières années nos ressources halieutiques.

A cela s’ajoute le fait que depuis un bon moment, le Sénégal ne recrute pratiquement plus d’agents des eaux et forets et la conséquence en est que le personnel vieillit et la surveillance devient insuffisante. Les populations locales se ruent vers le peu de forets qui nous restait vu que les récoltes sont insuffisantes et l’économie de la commercialisation des productions ne couvre plus les besoins.
Depuis les années 2000 le secteur des eaux et forets a été privatisé laissant une grande place à des agences autonomes, ce qui constitue un facteur aggravant (agence de la grande muraille verte entre autres).

Les services forestiers hésitent toujours entre leurs interventions de répression et de contrôle des coupes de bois, si aléatoires ,et des interventions plus positives de reboisement, trop souvent considérées sous forme de projets et non sous forme d’actions généralisées d’appui aux villageois. Il n’existe pratiquement plus de pépinières villageoises, très utiles et les actions de reboisement, insuffisamment préparées aves les villageois restent souvent des échecs.

Livrée à elle-même, la terre se protège naturellement des facteurs de dégradation grâce à son couvert végétal qui limite notamment les diverses érosions.

La dynamique de la désertification vient de l’homme même s’il ne fait pas de doutes que le climat a évolué de façon négative ces dernières années.
Une conscience lente et tardive la faiblesse devient force quand nait la conscience

La conscience du phénomène de désertification et de sa progression rapide existe, nous l’avons vu au niveau des responsables. Elle se développe, trop lentement sans doute, mais sûrement, dans les diverses couches de la population et chez les cadres de terrain. Mais cette conscience est fragile et risque de s’alanguir si une volonté politique déterminée ne la soutient pas soigneusement et si les responsables n’entreprennent pas sans tarder des applications de grande échelle.

Un phénomène naturel observé confirme que même en l’absence d’un programme déterminé, lorsque l’on laisse la nature pendant 10 à 15 ans, elle se reconstitue.

La désertification n’est pas comme le représente l’expression « l’avancée du désert » qui évoque l’arrivée d’un flot de sable, mais une détérioration par des faits internes, un phénomène de détérioration progressive.

L’avènement de l’agro business a été à l’origine de la déforestation des centaines d’hectares dans la zone de Fanaye en 2011, les populations se sont révoltées pour s’opposer au projet (Sen huile sen éthanol), une révolte qui s’est soldée par un bilan lourd : deux morts et plusieurs dizaines de blessés. Jusqu’a présent aucune action n’est entreprise pour combler ce déficit ni par l’Etat ni par les populations. La situation s’aggrave davantage cette année par une absence d’hivernage accentuant la vulnérabilité du sol dénudé face aux vents violents, aux ravinements par les pluies, à l’abaissement des nappes phréatiques insuffisamment réalimentées et la disparition des prairies poussant les populations nomades à migrer vers le sud (le Saloum).

La lutte contre la désertification, pour reprendre les mots de Michel Bonfils dans son livre « halte à désertification au sahel » devra mobiliser tout l’homme et tous les hommes (villageois, citadins, mais aussi l’ensemble de l’encadrement des acteurs étatiques et non étatiques) et devenir une valeur essentielle de la société dans les pays concernés. La mobilisation des forces vives de chaque nation pour la lutte devra être un objectif permanent, servi par des méthodes éprouvées. Des changements techniques, économiques et sociologiques interviendront, porteurs pour certains de déceptions, pour d’autres d’occasions, qu’il y’aura lieu d’encourager, de promouvoir et de développer.

Selon une étude du Programme des Nations Unies pour l’Environnement, l’écosystème terrestre que forment l’atmosphère, les océans, les lacs, les sols, les prairies et les forets nourris la terre, notre belle et cordiale demeure, assure entre autres services la régulation du climat, la conservation de l’eau, l’approvisionnement en nourriture et médicaments et l’apport de paysages naturels. Irremplaçable et essentiel, il constitue le fondement même de la subsistance et de la multiplication de « la vie » de l’humanité.
Faune spécialisée et stratégie d’adaptation

Jusqu’aux limites de l’inhabitable la vie se maintient en un fragile équilibre, déployant des trésors d’ingéniosité, des espèces animales ont su développer des moyens de survie en zone aride. Ces merveilles d’adaptation sont, pour la plupart, sur la voie de l’extinction : sans un énorme effort d’urgence, leur existence ne sera plus, pour la future génération, qu’une simple légende venue du fin fond des sables.

Certaines espèces comme le chacal dont le rôle est essentiel à l’équilibre naturel notre écosystème sont menacées de disparition. Le paysage jadis de la vallée du fleuve qui faisait partie des paysages merveilleux du Sénégal est en train de céder la place à un spectacle désolant, désertique sous peu si rien n’est entrepris pour le stopper.

En conclusion, nous pouvons dire que l’Etat et les populations sont directement ou indirectement les principaux acteurs de la dégradation de l’environnement. Le genre de vie nomade ou semi nomade, le déboisement, l’agriculture, l’agrobusiness, l’élevage extensif, sont par essence destructeurs de couvert végétal.

Le plus grand malheur est que l’homme du sahel n’est pas attaché à l’arbre, qu’il exploite sans souci de protection et de remplacement. La progression des besoins, conjuguée à la désagrégation des structures Etatiques du secteur a entrainé le caractère rapide particulièrement désordonné de cette surexploitation, dont les résultats et la dynamique constituent la situation qui prévaut actuellement.

Merci à Younous seydou kane
Enseignant/écologiste/bibliothécaire
kaneyounous@yahoo.com
Sénégal

dieudonne.yakpe@gmail.com

Etudiant à l'école africaine des métiers de l'architecture et de l'urbanisme (EAMAU) futur Ingénieur Urbain, il est un passionné de la lecture. Il ppasse beaucoup de temps sur internet pour ses recherches et sur les nouvelles découvertes relatives aux questions urbaines.

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