INTERVIEW de mr tchini kodjo,directeur général de l’EAMAU
Archicaine : Bonjour monsieur le Directeur Général par intérim de l’EAMAU, nous sommes le Cercle pour la Promotion de l’Architecture de l’Urbanisme et du Développement durable en Afrique, CPAUD association à but non lucratif. Pour

Archicaine : Bonjour monsieur le Directeur Général par intérim de l’EAMAU, nous sommes le Cercle pour la Promotion de l’Architecture de l’Urbanisme et du Développement durable en Afrique, CPAUD association à but non lucratif. Pour notre webmagazine www.archicaine.org qui fait le tour de l’actualité dans les domaines d’enseignements de l’EAMAU, nous aimerions pourvoir bénéficier de votre aimable attention, le temps d’un entretien.
Nous savons que l’EAMAU, a adopté le système de formation LMD depuis la rentrée scolaire 2010-2011, à ce jour, la première promotion des élèves inscrits dans le système LMD entame le cycle de Master, quels sont donc les défis liés à cet évènement ?
Mr TCHINI : Bonjour à vous, Je voudrais tout d’abord vous remercier pour cette interview qui ouvre une fois de plus, une lucarne sur la visibilité de l’EAMAU. Permettez-moi de souligner les raisons qui ont motivé le Conseil Scientifique et Pédagogique (CSP) de l’EAMAU à adopter le système LMD. Le passage au système LMD a pour objectif d’harmoniser les cursus de formation et d’adopter un système de diplôme, dans le but de permettre les comparaisons et les équivalences au niveau international, de favoriser la mobilité des étudiants et leur accès au monde du travail. Cette formation est basée sur des principes fondamentaux qui sont :
– La démarche scientifique, nécessaire à la construction de démarches logiques d’analyse, de diagnostic et de proposition face aux complexités humaines et physiques de la ville.
– La maitrise de la technologie, nécessaire à la formulation de solutions durables, efficaces et efficientes aux importants enjeux du développement urbain.
– La culture artistique, source de créativité et indispensable à la réalisation de l’harmonie avec la ville et le cadre de vie.
– La maitrise des sciences humaines à travers l’immersion dans la réalité de la ville africaine.
Ainsi, débuté depuis 2010, la formation entame sa quatrième année avec des résultats satisfaisants dans la mesure où plus de 90% des étudiants inscrits depuis 2010 ont validé l’ensemble de leurs crédits leur permettant de s’inscrire en Master, et ils sont tous y inscrits.
Archicaine : Quels sont également les leçons tirées de la formation en Architecture-Urbanisme qui en est à sa dernière promotion ?
Mr TCHINI : Depuis sa création en 1975, le système d’enseignement à l’EAMAU a subi deux réformes. Le premier système d’enseignement, de 1975 à 1995, formait en 5 ans seulement en deux filières : l’architecture et l’urbanisme.
Une première réforme en 1995 qui a vu les filières Architecture et Urbanisme fusionnées en une seule filière (Architecture-Urbanisme), et la création de la filière de Technicien Supérieur en Gestion Urbaine. Ces deux nouveaux cursus de formations de durées respectives 6 et 3 ans, ont été le fruit de la volonté des pays membres de l’EAMAU d’avoir des diplômés ambivalents capables d’avoir une approche tout à fait nouvelle des problèmes des villes africaines. Apres plus de 15 ans, ce système d’enseignement de notre école prendra fin cette année scolaire 2013-2014 avec la dernière promotion de diplômés Architectes-Urbanistes.
Le chemin parcouru est jalonné de nombreux succès, surtout lorsque tous les fruits de ce système sont arrivés à répondre efficacement aux besoins des Etats grâce à leurs aptitudes professionnelles. Tous ces résultats ont éveillé, dans l’optique d’une amélioration, d’autres besoins de spécialisation en Architecture, en Urbanisme et en Gestion Urbaine, d’où la deuxième réforme qui a conduit au système LMD que nous avons évoqué plus haut.
Archicaine : Nous constatons que l’EAMAU n’est pas très connu au niveau international, on entend peu parler de cette école qui est pourtant un pôle d’excellence de l’UEMOA, pouvez-vous nous dire quelles en sont les causes ?
Mr TCHINI : Le manque de visibilité de l’EAMAU est assez relatif. En effet, avec bientôt 4 décennies d’enseignement aux métiers de la ville, notre Etablissement Inter-Etat s’est construit non seulement un carnet d’adresse assez bien fourni, mais également une certaine notoriété dans le milieu professionnel. Nous en voulons pour preuve la distinction de l’EAMAU comme Ecole d’excellence par l’Agence Universitaire de la Francophonie (AUF) par l’Union Economique Monétaire Ouest Africain (UEMOA), par l’Union Internationale des Architectes (UIA), par l’Union des Architectes d’Afrique (UAA) etc… Notons également que l’EAMAU, membre de l’Association pour la Promotion de l’Enseignement et de la Recherche en Aménagement et en Urbanisme (APERAU), a signé de nombreux accords de partenariat notamment avec l’Université Paris8, Vincennes Saint Denis, l’Université Paris Ouest (Nanterre), l’Ecole d’Architecture de Versailles en France, Université Regio Calabra en Italie, l’Université Libre de Bruxelles en Belgique etc….
Nous collaborons également avec des Universités Anglophones au Ghana et en Afrique du Sud pour une plus grande ouverture car nous sommes conscients de la place de l’Anglais dans les métiers de la ville. Malheureusement, il faut reconnaitre que l’EAMAU n’arrive pas encore à faire des publications scientifiques, et fait très peu d’apparition dans les médias, alors qu’elle est la seule Ecole Africaine Inter-Etat qui traite des questions de la ville.
Archicaine : Quelles sont les stratégies mises en place par votre institution pour une meilleure insertion professionnelle de vos diplômés ? En particulier pour la future génération de nouveaux diplômés du LMD ?
Mr TCHINI : L’EAMAU a aujourd’hui plus de 800 diplômés qui ont peu de problèmes d’insertion professionnelle. Cela se justifie par le fait que les diplômés de l’EAMAU sont directement opérationnels sur le terrain, grâce aux stages et travaux pratiques qui sou tendent tout leur cursus. Cette stratégie qui ne dit pas son nom a montré son efficacité pendant des années, et continue de faire ses preuves.
Les différents labels dont dispose l’école sont aussi des arguments puissants qui font que les produits de l’EAMAU sont assez recommandés dans plusieurs régions d’Afrique et même d’Europe pour certaine formation post universitaire. Cependant, pour la première promotion du système LMD qui est actuellement en Master, nous les formons pour qu’ils deviennent aussi de bons professionnels, nous voulons également les encourager à se lancer dans la recherche à partir du cycle Doctorat, car l’enseignement se nourrit de la recherche pour son amélioration et ses innovations
Archicaine : Quelles sont les perspectives de développement de l’EAMAU pour les 5 années avenir ?
Mr TCHINI : Une chose est d’avoir le label, une autre est de le maintenir. Nous voulons maintenir la qualité de la formation à travers l’innovation. L’EAMAU est actuellement dans une phase de réforme. Cette action décidée par le Conseil d’Administration doit permettre a l’institution de procéder à des ajustements internes pour anticiper les questions organisationnelles qui se profilent et assoir sa pérennité sur des ressources plus stables.
A l’issue de cette réforme, l’EAMAU plus performante offrira plus de possibilités aux Etats africains et surtout aux jeunes qui désirent s’orienter vers les métiers de l’architecture, de l’urbanisme et de la gestion urbaine.
Archicaine : Le Cercle pour la Promotion de l’Architecture de l’Urbanisme et le Développement durable CPAUD vous remercie d’avoir aménagé ces quelques minutes de votre temps pour répondre aux questions de son Webmagazine, www.archicaine.org .
Comme on le dit dans la tradition ivoirienne, nous allons demander la moitié de la route, afin que l’autre moitié nous serve à revenir vous solliciter pour la signature d’un potentiel accord de collaboration entre l’EAMAU et notre Association.