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Interview de Paul N. BANON,Technicien supérieur en Gestion Urbaine

Dans la suite de notre dossier sur la formation à l’EAMAU, il nous a semblé légitime de prolonger notre investigation en interrogeant les principaux acteurs de cette structure : ces jeunes futurs architectes et urbanistes d’Afrique

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Dans la suite de notre dossier sur la formation à l’EAMAU, il nous a semblé légitime de prolonger notre investigation en interrogeant les principaux acteurs de cette structure : ces jeunes futurs architectes et urbanistes d’Afrique et d’ailleurs. Les étudiants, venus des 4 coins du continent, sont remplis d’espoir et font preuve d’une ambition sans frontière en intégrant cette école. Paul BANON a été de ceux là. Visionnaire pour son continent, assoiffé de connaissances, et sans cesse en quête de nouvelles expériences, cet ancien diplômé en gestion urbaine a accepté de répondre à nos questions sur la vie après l’EAMAU. Sa formation ? Son parcours avant et après l’école ? Ses expériences professionnelles ? Ses conseils à la génération suivante ? Ses commentaires sur les réalités actuelles du marché ? Ses souhaits et ses rêves pour les années à venir ? Un parcours qui nous laisse entrevoir que la carrière d’un spécialiste des questions urbaines est aussi faite d’opportunités à ne pas manquer.

Bonjour Paul,

Pouvez-vous vous présenter en précisant rapidement votre parcours?

Paul N. BANON

Technicien supérieur en Gestion urbaine

Master développement local et décentralisation

Assistant d’études dans un cabinet d’architecture et urbanisme au BENIN.

Après des études primaires et secondaires en Côte d’Ivoire où je suis né, je suis rentré dans mon pays d’origine le Bénin, en 2001, pour mes études supérieures.

Une 1ère année d’études en Mathématiques-Physiques à l’université d’Abomey-Calavi, avant d’intégrer, en 2002, sur concours, l’Ecole Africaine des Métiers de l’Architecture et de l’Urbanisme (EAMAU) comme boursier de l’Etat béninois. J’en ressortirai, en 2005, avec un diplôme de technicien supérieur en gestion urbaine.

Des années plus tard, en 2010, j’ai entrepris de suivre en cours du soir un programme de master en développement local et décentralisation à l’université Africaine de Développement Coopératif (UADC), programme pour lequel je suis en instance de soutenance.

Quels ont été les atouts de votre formation à l’EAMAU ? Quel lien faites vous avec votre master en développement local et surtout quelle a été la suite de votre parcours, notamment en terme d’expérience professionnelle ?

La filière Gestion urbaine a été créée dans les années 90 à l’EAMAU pour former des cadres intermédiaires en vue d’accompagner le processus naissant à l’époque de la décentralisation dans la plupart des pays d’Afrique subsaharienne. Bien outillé sur les métiers de la ville, la conception et la gestion des infrastructures et équipements urbains, le gestionnaire urbain peut également être opérationnel dans les projets de développement, les ONG, et les bureaux d’études. Alors logiquement, le master en développement local s’inscrit dans la continuité de la licence en Gestion urbaine, avec un accent particulier sur les aspects financiers du développement local.

Pour ma part, trois semaines avant ma soutenance, j’ai obtenu un stage qui se transformera un mois plus tard, en emploi dans le cabinet d’architecture IMOTEPH du ministre Luc GNANCADJA que je remercie au passage de m’avoir donné cette première opportunité de m’exprimer professionnellement. J’y faisais du dessin assisté par ordinateur en appui aux architectes et ingénieurs de l’agence.Un an plus tard, en quête d’autres expériences, j’intègre le bureau d’études AFRIQUE-OMNITECH où je travaille jusqu’à ce jour.

Quelle est votre fonction et vos missions dans cette structure ?

Dans ce bureau, employé comme assistant de l’urbaniste en chef et des architectes, j’interviens concomitamment sur des études de planification urbaine et des missions de maîtrise d’œuvre architecturale. Je serai ensuite nommé responsable adjoint du département urbanisme et environnement du bureau d’études cumulativement à mon rôle d’assistant d’études.

J’ai ainsi découvert et exercé le métier d’assistant des concepteurs (Architectes, urbanistes, ingénieurs), souvent méconnu ou confondu au concepteur, mais qui est un métier à part entière, très important dans le secteur de l’urbanisme et du bâtiment.

Que peut-on retenir alors de votre parcours professionnel ?Le collaborateur d’urbaniste que vous êtes continue t-il d’apprendre et d’acquérir de nouvelles compétences ?

Ces huit (08) années d’expérience auprès des architectes, urbanistes et ingénieurs furent très enrichissantes pour moi. Ces expériences m’ont permis d’apporter ma petite pierre à la construction de mon pays tout en apprenant beaucoup de mes ainés. Elles m’ont surtout permis d’appréhender les défis auxquels sont confrontés les décideurs et les professionnelles des métiers de la ville au Bénin.

Pouvez-vous nous en dire plus sur ces défis ?

Ces défis découlent des problèmes ci-après :

–        la non priorisation de la planification spatiale dans les politiques publiques (faiblesse des budgets alloués, absence de suivi, etc…) ;

–        des opérations de lotissement qui sont pour l’essentiel des opérations de restructuration et de restauration urbaine ;

–        des lotissements anarchiques précédant pour la plupart la planification stratégique ;

–        une politique foncière qui ne favorise pas une planification spatiale harmonieuse des agglomérations urbaines (les particuliers font la loi, laxisme des autorités centrales…) ;

–        la non application des lois relatives aux autorisations de construire ;

–        absence ou faiblesse de la politique d’aide à l’habitat ;

–        des pratiques douteuses dans certaines administrations qui ne favorisent pas la mise en concurrence réel dans les concours pour les projets publics ;

–        etc..

Qu’en est-il à l’heure actuelle, en 2014 ? Quels sont, éventuellement, vos souhaits pour une amélioration de la situation ?

Ces défis sont toujours d’actualité. Mon souhait est que les décideurs qui ont souvent l’occasion de visiter les pays développés ou émergents aient des rêves pour leur pays et associent les professionnels de la ville à la réalisation de leurs rêves, à l’instar de feu le Président Félix Houphouët Boigny en Côte d’Ivoire.

Je souhaite également que nos pays se mettent au travail pour obtenir une croissance économique qui permette de dégager des ressources nécessaires au développement des infrastructures.

Une recommandation aux jeunes en gestion urbaine à l’EAMAU ?

Aux jeunes étudiants en Gestion urbaine à l’EAMAU, je dirai que la méconnaissance de notre formation par le grand public ne devrait pas être considérée comme un handicap, mais plutôt un avantage, car cette situation nous pousse à l’action. Nous avons un grand atout : notre polyvalence qui nous permet de nous imposer dans plusieurs domaines.

Quelles que soit les difficultés, ils peuvent s’imposer dans le monde professionnel grâce à leur dynamisme et au travail bien fait. Après toutes les “charrettes” de l’EAMAU, rien ne devrait pouvoir les empêcher de réussir. Qu’ils s’inspirent des aînés qui ont eu d’excellents parcours partout à travers l’Afrique. Qu’ils ne tombent pas dans le piège de la facilité et la précipitation car pour la plupart des gens, la réussite se construit avec le temps.

Actualité

Le mois prochain, je prendrai fonction dans un projet de développement local en tant que Spécialiste Génie civil au niveau d’un département du Bénin.

Un mot de fin à propos de l’initiative archicaine…

L’initiative Archicaine est une noble initiative que j’encourage. J’en félicite d’ailleurs les initiateurs. En effet elle permet de mettre un projecteur sur ce qui se fait dans l’ombre par les professionnels de la ville et de la construction en Afrique. Même si tout n’est pas parfait, même s’il y a des efforts à faire, il faut reconnaitre que des professionnels valeureux œuvrent au quotidien pour la construction de notre continent, et il importe de les encourager en mettant à la lumière leurs œuvres.

Merci à toi 

Interview réalisé par Steve Nicoué KOTEY  Architecte DE

www.archicaine.com

 

 

 

nicouer@yahoo.fr

Architecte diplômé de l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble, Consultant en Innovation, Steve est le fondateur et directeur de publication du webmagaine archicaine.

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