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BENIN : Porto-novo la grande mosquée,patrimoine d’architecture afro-brésilienne

Porto-Novo capitale du BENIN a été au XIXe siècle une ville marchande très cosmopolite. Les influences sur l'architecture à Porto-Novo sont de deux ordres : l'influence européenne transmise à travers les villas de fonction des cadres de

Porto-Novo capitale du BENIN a été au XIXe siècle une ville marchande très cosmopolite.

Les influences sur l’architecture à Porto-Novo sont de deux ordres : l’influence européenne transmise à travers les villas de fonction des cadres de l’administration coloniale et, plus ancienne, typique et significative de cette époque, l’influence afro-brésilienne véhiculée par les esclaves affranchis et revenus du Brésil, et les descendants de la communauté portugaise.

Leur volonté affirmée de vivre comme leurs anciens maîtres, leur statut d’intermédiaires et d’interprètes de la puissance coloniale en ont fait des modèles pour ceux qui voulaient faire montre d’une certaine richesse.

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De toutes les capitales de la traite sur la cote du Bénin.

Porto-Novo est la plus influencée par l’Islam dont l’essor est associé a celui du commerce.

En effet bien que fondamentalement animiste,la population a été en contact avec l’Islam bien avant le XIXe siècle par le biais des marchands islamisés d’origine haaoussa et yoruba,venant du Nigéria. 

Aussi son implantation comme nouvelle religion vers le milieu de ce siècle au sein de la population,grâce à l’importance grandissante de ces communautés,se fera-t-elle avec moins de heurts et de frictions avec les prêtres animistes qu’à l’heure du christianisme.

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Peu après son arrivée sur le trône en 1848, le roi Sodji. devant la multiplicité des groupements de musulmans dans la ville, désigna un imam comme chef spirituel unique de toute la communauté et lui attribua, à proximité du palais royal, un terrain pour la construction d’une mosquée pouvant regrouper les croyants.

Une première mosquée fut édifiée sur ce site vers 1880. Son voisinage dans ce centre commercial avec les compagnies anglaises John Holt et John Walkden fut une des causes de sa reconstruction sur un autre site : les employés  européens de ces maisons de commerce se plaignirent au roi de la grande gêne que leur causaient les appels du muezzin et sollicitèrent le déplacement de la mosquée.

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Mais, la construction d’une nouvelle mosquée plus grandiose, pour répondre à l’attente des croyants de plus en plus nombreux, était déjà envisagée par la communauté musulmane. Celle-ci ne consentait pas pour autant à détruire l’ancienne. Elle ne se résolut à sa  démolition qu’a cause des travaux d’ouverture de voies projetés par les autorités coloniales dans la zone en 1910 : la mosquée était sur l’emprise de l’une de ces voies.

Ceci hâta le démarrage des travaux de construction de la nouvelle mosquée centrale sur un terrain, don d’un Afro-Brésilien, qui jouxtait le marché central par le nord.

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Avant l’établissement du projet définitif, une délégation fut envoyée à Lagos pour visiter la principale mosquée de cette ville.

Ainsi, comme celui de Lagos. le nouvel édifice porte la marque de l’architecture brésilienne en particulier de celle des églises de San Salvador de Bahia.

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Démarrés avec, entre autres contributions, une subvention de l’administration coloniale, les travaux évoluèrent au coup par coup, au gré des donateurs ; les crises au sein de la communauté occasionnèrent plusieurs interruptions du chantier. Les autorités durent en 1925, après de vaines tentatives de réconciliation, prendre la direction des travaux.

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L’ouvrage ne fut réellement achevé que vers 1935, mais la mosquée demeurera constamment en chantier avec de multiples et importantes extensions, notamment à partir de 1950.

En 1990, elle se présente avec trois minarets et s’étend sur deux étages, avec une surface totale de planchers de plus de 3 700 m2 revêtus de carreaux :

–  La partie ancienne, réalisée en briques de terre cuite, comporte deux minarets ; sa salle de prière s’étend sur deux niveaux : le rez-de-chaussée et la mezzanine.

L’ensemble est pris sous une grande voûte imprimée de motifs composés d’étoiles et écriture arabe. Cette voûte est recouverte à l’extérieur d’une couverture récemment restaurée en bacs aluminium. La façade sud est constituée 
d’une large galerie bordée d’une rangée de colonnes ouvragées, surmontées d’arcades plein cintre.

Les extensions, de type «architecture moderne», 
s’articulent autour d’un patio ; l’ensemble masque la façade sud de la partie ancienne.

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Ces extensions s’élèvent sur deux étages et ont été réalisées globalement en deux phases : la partie est avec un minaret presque dans l’alignement des deux premières, et la partie ouest, la plus récente.

La communauté musulmane a aujourd’hui une place prépondérante dans la ville par le nombre et la richesse de ses membres ; le commerce reste leur activité principale. Leurs nombreuses et substantielles souscriptions volontaires permettent d’assurer l’entretien de cet important patrimoine dont la partie ancienne demeure le fleuron de l’architecture afro-brésilienne de la ville.

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Le démarrage des travaux de construction de la grande mosquée de Porto-Novo a aussi incité la communauté catholique à mettre en chantier son projet de construction d’une nouvelle église plus importante en 1925. Est-ce aussi par réaction que son architecture.

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Steve Nicoué KOTEY Architecte DE

Bibliographie :

RIVES COLONIALES ARCHITECTURES,DE SAINT-LOUIS A DOUALA

Sous la direction de Jacques Soulilou Collection Architectures traditionnelles/ Parenthèse -Orstom

nicouer@yahoo.fr

Architecte diplômé de l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble, Consultant en Innovation, Steve est le fondateur et directeur de publication du webmagaine archicaine.

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