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L’urbanisation,facteur de développement pour l’Afrique

L’Afrique est l’un des continents les moins urbanisés de la planète. Bien que tardif, l’accroissement du nombre de citadins y est rapide et impressionnant ; les effectifs ont été multipliés par 15 entre 1950 et 2000

L’Afrique est l’un des continents les moins urbanisés de la planète. Bien que tardif, l’accroissement du nombre de citadins y est rapide et impressionnant ; les effectifs ont été multipliés par 15 entre 1950 et 2000 ; en valeur relative, le taux d’urbanisation durant ce demi-siècle est passé de 14.5 % à 37 % . Pendant cette même période, la part de l’Afrique dans le PIB mondial a diminué d’un tiers.

L’urbanisation ne fait-elle alors que révéler le mal développement de la société africaine, voire que les amplifier ?

Au contraire faut-il lire dans les espaces urbains en croissance des lieux d’innovation et de transformation sociale ; l’urbanisation serait alors un vecteur du développement.

Le mal développement est une réalité qui accompagne le processus d’une urbanisation trop rapide pour être maîtrisée en Afrique. Cependant la grande ville garde des atouts pour corriger la trajectoire de la transition urbaine inachevée sur le continent africain.

L’urbanisation rapide non maîtrisée, les déséquilibres dans l’organisation et le fonctionnement de l’espace urbain frappent les grandes villes d’Afrique de mal développement

–       le semis urbain de l’Afrique, héritage pré colonial et colonial a valorisé surtout les littoraux.

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- la croissance urbaine qui a été explosive durant la période 1950-1980 et qui a profité souvent à une ou deux villes dans chaque Etat a crée une trame déséquilibrée.

–       La ville capitale représente une grande proportion de la population urbaine de l’Etat, si ce n’est de l’ensemble de la population du pays. Nombreux sont donc les réseaux urbains à structure primatiale. L’étalement spatial est significatif de cette vague d’urbanisation incontrôlée.

–      La croissance spatiale des villes s’est faite soit par densification non maîtrisée des centres avec taudification (l’exemple du  Caire), soit le plus souvent par extension en périphérie sous forme d’habitats spontanés et illégaux pour les populations les plus pauvres rejetées du centre ou issus des campagnes.

–       – Le mal développement se lit dans les traits de l’organisation de l’espace urbain.

–       Le plan hérité et son développement contemporain sont le reflet des disparités sociales ; celles-ci sont aggravées par la crise qui frappe le continent africain : dualité des quartiers et contrastes socio spatiaux se lisent dans les paysages de la grande ville arabo-musulmane, de la métropole d’Afrique noire et des villes d’Afrique du Sud héritées de la politique de l’apartheid.

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- Le mal développement se lit également dans les dysfonctionnements de la grande ville. Nées souvent de la fonction commerciale à partir des comptoirs jalonnant la ligne d’interface littorale, les grandes villes d’Afrique sont restées sous industrialisées ; les fonctions marchandes restent importantes pour répondre aux besoins des citadins, mais le secteur moderne reste sous dépendance des flux externes ; ceux-ci peuvent avoir un impact négatif pour l’économie du pays lorsqu’ils rentrent en concurrence défavorable avec les producteurs nationaux. L’autorité publique a pu créer des emplois, parfois même pléthoriques, mais il n’a pas su implanter les conditions d’une véritable industrialisation génératrice d’emplois.

L’emploi informel caractérise la grande ville d’Afrique, mais sa capacité à absorber la demande est limitée. Peut-il être source d’un vrai développement pour la ville ?

–       Lieu de production, d’échanges et de transformation, la grande ville d’Afrique est un espoir pour le développement, mais inégalement..

– la grande ville d’Afrique donne  l’espoir d’un meilleur être : elle concentre l’essentiel des services auxquels aspirent ceux qui y naissent et ceux qui arrivent des campagnes : en ville, on a plus de chance d’être soigné, scolarisé et informé, d’obtenir une promotion sociale. Espace de transformation des mentalités, la transition démographique s’y réalise plus rapidement que dans les campagnes. La grande ville est le point de diffusion des nouveaux comportements démographiques.

– La ville est un espace attractif : elle attire les flux de biens, de capitaux qui s’y investissent ; elle peut donc induire de l’emploi. A partir des investissements qui s’y réalisent, elle peut valoriser les produits primaires du pays (développement d’industries agroalimentaires). La ville attire la jeunesse et bénéficie de son dynamisme et de son potentiel d’innovation économique et culturelle. La ville peut former la conscience citoyenne et expérimenter la démocratie, composante du développement de l’individu.

-La ville dynamise son environnement : la demande des marchés urbains est facteur de développement et de stimulation pour les campagnes environnantes ; elle valorise le travail des planteurs de cultures vivrières négociées dans les marchés urbains ; des cultures de contre-saison pour l’exportation transitent par la grande ville.

– la grande ville exerce une fonction d’interface au contact du monde : elle capte les éléments positifs de la modernité , tire profit des contacts intellectuels avec les sociétés étrangères, peut faire bon usage des retombées financières des flux touristiques …

– Mais les grandes villes d’Afrique face aux défis d’une transition urbaine inachevée font preuve d’une inégale maîtrise  : face aux problèmes du logement, de l’accès à l’eau potable, de l’emploi et du transport, les réponses sont inégales.
 En Afrique du nord avec l’exemple de la politique urbaine menée pour le Grand Caire, en Afrique noire avec les projets de développement endogène des communes du grand Dakar ou encore dans les anciennes métropoles sud-africaines avec les politiques sociales de l’après-apartheid, on peut appréhender ici et là les initiatives des divers acteurs pour rendre l’espace plus juste et plus vivable dans les grandes villes d’Afrique.

 L’urbanisation de l’Afrique crée des  défis immenses à gérer : ceux de l’exclusion, de la pauvreté qui peuvent secréter l’intolérance et la violence.

Cependant la grande ville d’Afrique  constitue un lieu stratégique pour le développement : espace d’innovation, de pouvoirs, d’autonomie, de métissage et d’ouverture sur le monde. L’arrimage du continent africain au mouvement de mondialisation peut-il être profitable au développement de ses grandes villes?

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L’AFRIQUE : propositions pédagogiques;

nicouer@yahoo.fr

Architecte diplômé de l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble, Consultant en Innovation, Steve est le fondateur et directeur de publication du webmagaine archicaine.

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