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SENEGAL.Dakar : la ville où les murs sont en souffrance

La ville de Dakar est devenue au gré de son développement une grande cité qui connait un essor sans précédent. Cela se traduit comme partout ailleurs par  la croissance démographique, et un développement urbain rapide

La ville de Dakar est devenue au gré de son développement une grande cité qui connait un essor sans précédent. Cela se traduit comme partout ailleurs par  la croissance démographique, et un développement urbain rapide (le développement des transports, les infrastructures et équipements de base, les services etc.). Elle se caractérise aussi par différentes formes d’expression des populations.

La ville est un espace d’expression et d’échanges où les habitants prennent de nombreuses initiatives et cela passe quelques fois par des formes de communication peu inappropriées loin des « codes de bon comportement, qui doivent accompagner le développement d’une ville ». Ces différentes formes de communication s’expriment souvent sous des aspects particuliers. Qu’il s’agisse de contestation, d’information, de publicité ou d’annonce, les murs de la cité se transforment alors en support pour véhiculer des messages, ce qui engendre certaines conséquences sur le plan environnemental avec la dégradation du cadre de vie (murs, ponts, bâtiments public ou privés…).

Cependant avec les graffiti, on note un envie d’amélioration de l’espace sur le plan visuel et une volonté de sa préservation des agressions sauvages.

Toutes ces agressions portées sur l’espace urbain par certains, sont rarement dénoncées et finissent par apparaitre comme normales, en faisant partie du cadre de vie qu’ils contribuent à défigurer donnant à certains endroits de Dakar un visage peu radieux. Les autorités locales (Maires) sont souvent dans l’incapacité de faire face à ce phénomène à cause du manque de moyens techniques et financiers malgré la législation qui existe en la matière pour réglementer l’affichage urbain et réprimer ces actes.

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Quand la politique s’invite sur les « murs » de la ville

En période de campagne électorale, locale, législative comme présidentielle, l’espace de la ville devient par essence un lieu d’expression prisé par certains états-majors politiques dont les partisans n’hésitent pas à se servir des murs comme lieu de divulgation de messages de soutien à leurs candidats ou bien d’attaques contre les adversaires avec des connotations insultantes et dénigrantes.

En effet divers formes de messages caractérisent cette façon de communiquer propre aux politiques et qui s’étend aux autres villes du pays. A défaut d’utiliser les canaux appropriés pour une bonne communication, les murs sont devenus des lieux d’échanges intenses pour la plupart des partisans des différentes parties opposées pour briguer le suffrage des populations. Espaces privés comme publics subissent les affres de cette activité qui contribue fortement à la dégradation de l’environnement visuel urbain et à entretenir une certaine tension entre les acteurs.

Les murs, espaces d’expression de la culture urbaine

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La ville étant un espace d’expression, à Dakar l’art urbain se manifeste de façon visible à travers les murs de la cité par la réalisation d’œuvres et cela gagne sensiblement du terrain avec de plus en plus d’endroits couverts par ces fresques à l’exemple des ponts et échangeurs. Cette pratique caractérisée par les « graffiti » qui sont de l’art urbain sont de multiples formes et traitent de thèmes divers qui peuvent être éducatif, citoyen, religieux, sportif, personnel… Il faut dire qu’à Dakar, comme dans sa banlieue les graffitis ont beaucoup contribué à l’esthétique de certains endroits qui étaient encore en souffrance avec un cadre de vie qui se dégradait sans cesse.

Cette forme d’expression de l’art ne demeure pas assez bien organisée sur l’espace de la ville d’autant plus qu’elle se pratique partout la plupart du temps sans contrôle ni autorisation, parfois sur des espaces privés. L’organisation de cette activité serait pour les villes une opportunité pour non seulement embellir certains espaces pour les municipalités, mais aussi permettre à ces personnes qui pratiquent les graffitis d‘exprimer leur talent et de participer au développement urbain à leur manière.

Les murs comme supports publicitaires

Cette dernière forme d’expression sur l’espace public prend souvent la forme d’affichage sur les murs et différents espaces susceptibles d’être des réceptacles, afin d’avoir une large diffusion des informations souhaitées. En lieu et place des canaux réglementaires pour la publicité d’un produit, l’annonce d’un événement à venir ou le soutien d’une cause, certains préfèrent procéder à l’affichage « sauvage » le plus souvent dans des endroits fréquentés par du public. Cette forme de dégradation de l’espace est l’œuvre de personnes de catégories différentes (étudiants, artistes, syndicats, particuliers, associations diverses…) faisant fi de toute règle régissant l’affichage urbain. De ce fait, nombreux sont les endroits à Dakar, qui sont marqués par ces actes dégradants. Aucune propriété n’est épargnée, des murs des écoles, en passant par les murs des maisons, les bâtiments publics, les ponts, les cantines des marchés etc. tout y passe. Le plus dangereux dans tout cela au-delà de la dégradation du cadre de vie, c’est l’affichage sur les panneaux routiers de signalisation empêchant les conducteurs de bien se guider, d’où l’existence de risque d’accidents.

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Même avec l’existence d’un cadre réglementaire encadrant cette pratique, le développement des outils de communication, et les nouvelles technologies de l’information rien n’y fait, l’indiscipline demeure avec de beaux jours devant elle.

Par Jules Bernard Cabo Contributeur @Archicaine.org

Jules Bernard Cabo
Apres avoir obtenu mon Diplôme Universitaire d’Etudes Littéraires, option Géographie, j’ai  continué mes études en urbanisme à l’école Nationale d’Économie Appliquée où je me suis spécialisé en gestion du développement urbain avec un diplôme d’ingénieur à la clé.  Membre de l’organisation DIADEM (Diaspora Développement Education Migration) et du CLVF (Comité de Lutte contre les Violences faites au Femme), je suis un passionné de développement. Particulièrement intéressé par les relations entre la société civile et le développement socio économique des villes du Sud je viens de rejoindre l’équipe d’archicaine.

nicouer@yahoo.fr

Architecte diplômé de l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble, Consultant en Innovation, Steve est le fondateur et directeur de publication du webmagaine archicaine.

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