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Une Ecole de Musique Africaine en Casamance par Raoul VECCHIO

Le projet d’école de musique africaine de l’architecte Raoul Vecchio vise à créer une architecture symbolique qui n'utilise que des matériaux locaux et des technologies qui se veulent simples mais innovantes. Le but est de

Le projet d’école de musique africaine de l’architecte Raoul Vecchio vise à créer une architecture symbolique qui n’utilise que des matériaux locaux et des technologies qui se veulent simples mais innovantes. Le but est de créer de nouvelles opportunités de développement et d’enseignement à Ziguinchor, dans la région historique de la Casamance, au Sénégal. L’architecture du projet emprunte à certains langages traditionnels qui sont réinterprétés de manière contemporaine, dans l’espoir de servir de point de départ à l’innovation à travers une école modèle pour toute la région.

TOITURE SOURCE DE VIE

L’architecture est conçue pour optimiser non seulement la distribution spatiale des espaces mais aussi la qualité de vie intérieure. Ceci se fait à travers un jeu d’ouvertures et de volumes qui crée des différences de pressions favorisant une ventilation naturelle, nécessaire au rafraichissement des espaces. Le tout est construit autour d’une impressionnante toiture unificatrice.

En effet, le grand toit, en plus d’absorber et de protéger des rayons du soleil en créant de l’ombre, a une fonction technologique fondamentale qui favorise la fuite des flux d’air chaud. En forme d’entonnoir, cette toiture permet en outre la collecte des eaux pluviales durant la saison des pluies dans une citerne centrale. La réutilisation de l’eau pour les activités courantes de l’école et l’optimisation de cette précieuse ressource est indispensable dans un tel climat subsaharien. Une amélioration des facteurs sanitaires, qui dépendent parfois de températures et d’humidité excessives, est ici recherchée. Les pare-soleils incorporés dans les volumes bâtis filtrent les rayons du soleil, favorisant le refroidissement des murs, dans le but d’optimiser la qualité des intérieurs.

VOLUMES CENTRALISÉS

La composition volumétrique crée également différents accès en fonction des activités que l’usager doit effectuer. Les volumes entourent une cour centrale destinée à accueillir de grands événements culturels et musicaux en plein air, tandis qu’un auditorium permet de réaliser des activités culturelles même pendant la journée ou pendant la saison des pluies. Dans son ensemble, le langage architectural du projet rappelle la répartition des maisons des villages voisins, souvent disposées au hasard, mais qui créent une unité et un ordre d’ensemble grâce à une cour centrale comme lieu de socialité et d’échange culturel.

Ces approches sociales considérées comme fondamentales pour le fonctionnement de la structure sont également favorisées par des espaces ouverts qui permettent une relation continue entre la communauté et les usagers. En même temps, les bureaux s’ouvrent au contexte extérieur à travers un volume qui accueille l’usager, et l’invite à visiter le musée et le magasin d’instruments de musique qui sert en partie au financement de l’école.

DIVERSITÉ FONCTIONNELLE

L’ensemble de l’espace architectural s’étend sur environ 950 m2 d’espaces clos, en plus des zones de transition et des espaces ouverts. L’ensemble de la structure architecturale peut être divisé en plusieurs espaces dont une aire de bureau reliée à la production, au montage et à l’enregistrement; une aire de formation avec 3 classes, dont l’une, plus grande que les deux autres, apporte plus de flexibilité; une aire de logement avec un total de 12 logements pour des étudiants défavorisés et des invités, des espaces de services et des vestiaires et enfin, une aire d’événements avec un auditorium et une cour centrale pour événements extérieurs.

Ces différentes parties sont séparées les unes des autres par des espaces ouverts qui créent des niches et des lieux de repos, de détente et de sociabilité aménagés. Ces zones de transition permettent à chacune des différentes aires d’avoir une certaine autonomie et de ne pas surcharger le flux d’utilisation de la structure qui, dans certains cas, peut être concomitant.

RÉVEILLER LA MÉMOIRE CONSTRUCTIVE DES DIOLAS

La réalisation du projet se base sur un langage inspiré du paysage local et de l’architecture traditionnelle, comme la Maison Diola. Il s’agit là d’une inspiration bienvenue quand on sait la qualité historique des constructeurs Diolas, dont les techniques constructives en terre incluent des cases à impluvium et des cases à étage. Seules des ressources locales sont utilisées et en particulier, des matériaux qui se veulent simples, bon marché et facile à trouver. L’utilisation de certains matériaux a également pour objectif de sensibiliser les communautés au respect de l’environnement et à la valorisation des ressources du territoire. Les briques d’argile cuite et de latérite seraient utilisées suivant des traditions optimisées par des choix techniques pendant la phase de construction.

L’utilisation du ciment est limitée à la réalisation de la fondation, tandis que le grand toit est fait de poutres et de piliers en bois provenant des forêts de terres adjacentes au site de projet. La construction se fait à travers l’implication de la communauté bénéficiaire afin de créer un sentiment de responsabilité, une connaissance de nouvelles techniques de construction mais aussi une appropriation de l’école dès la phase de mise en œuvre.

Edberg Stéphane Porporty

Architecte HMONP

edberg.st@icloud.com

Architecte diplômé d'état HMONP de l’Ecole Nationale Supérieure d’architecture de Clermont-Ferrand. Rédacteur d’Archicaine. Passeur culturel dans la mondialisation.

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