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“A sheltering roof”,un centre de recherche et d’artisanat en terre pour la Gambie.

Le projet d’école « A sheltering roof » est l’initiative de deux jeunes architectes de l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Toulouse. Ils ont participé au concours lancé par la fondation Nka visant à concevoir une

Le projet d’école « A sheltering roof » est l’initiative de deux jeunes architectes de l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Toulouse. Ils ont participé au concours lancé par la fondation Nka visant à concevoir une école en Afrique et plus précisément en Gambie dans le village de Karsi Kunda. Le sujet était de revaloriser une culture constructive ancestrale : la terre crue. En portant une réflexion approfondie sur la terre crue, ils participent au mouvement de protection de l’environnement et des traditions qui se met aujourd’hui peu à peu en place à l’échelle internationale. Dynamiques et motivés, ils s’engagent concrètement dans cette cause en allant construire le projet.L’école sera réalisée avec l’aide de volontaires et sera financée par la cotisation demandée à chaque participant ainsi que par les dons d’entreprises, de particuliers et de collectivités publiques. L’ensemble des financements sera utilisé pour payer les matériaux de construction, les outils ainsi que la rémunération des artisans locaux dont le savoir est indispensable à la réalisation du projet. Ils ont besoin de votre soutien et vous sollicite à faire un don sur leur cagnotte en ligne pour rendre possible cette aventure humaine et solidaire. https://www.leetchi.com/c/solidarite-de-a-sheltering-roof-gambia Vous pouvez les contacter pour plus d’informations (ashelteringroof@gmail.com) ainsi qu’à visiter leur site internet pour découvrir plus en détail le projet ! www.ashelteringroof.org

Karsi Kunda – Gambie

Karsi Kunda est un petit village situé à l’Est de la Gambie dans le district de Kantora. Il est situé à 42 kilomètres de la principale ville de la région appelée Basse. Le village est habité par la communauté Mandinka, une ethnie qui regroupe 42% de la population Gambienne. Les fondateurs du village sont appelés « Foday Burang Karresh ».

Les enfants du village vont pour le moment à l’école primaire de Song Kunda. Le collège le plus proche est lui situé à Fatoto qui est à plus de 3.5 kilomètres de Kassi Kunda. Les enfants ont du mal à s’y rendre car les moyens de transport sont généralement inexistants.

Le projet

Le projet est de concevoir un centre de recherche et d’artisanat en utilisant la terre crue, matériau de construction ancestral aujourd’hui délaissé par la population. La conception du projet s’est déroulé pour nous selon deux grands axes. Premièrement, l’utilisation de la terre crue en construction est une technique ancestrale en Afrique. Pourtant on peut constater que dans de nombreux pays en voie de développement, les populations se tournent vers des matériaux «occidentaux». Le béton, le parpaing, la tôle ondulée, etc., sont pour eux synonymes de richesse. Outre un coût plus élevé et une inadaptation au contexte local, ces matériaux ne rentrent pas dans une philosophie de développement durable, car ils sont produits à partir de ressources épuisables. La terre, quant à elle, ne représente aucun coût, puisque l’on utilise le sol présent sur le site. De plus, elle présente de fortes qualités thermique, hygrométrique et sanitaire. L’initiative de la fondation Nka est un moyen de redorer l’image de cette ressource aux yeux de la population locale.

Dans un second temps, notre réflexion s’est portée sur le contexte climatique complexe, et la réponse que nous pouvions y apporter afin de créer un environnement confortable pour les usagers. Les climats dits tropicaux présentent des caractéristiques qui placent l’homme en situation d’inconfort : fortes températures, exposition solaire, humidité de l’air, pluies, etc. Il est important de proposer une infrastructure qui permette de créer un espace adapté et confortable tout au long des saisons.

Un toit pour s’abriter

La considération du climat et de ses caractéristiques est le point de départ de nos réflexions. Durant la saison sèche, il est nécessaire de créer de l’ombre pour se protéger du rayonnement solaire agressif, alors que durant la mousson, il faut s’abriter des pluies diluviennes et ventiler pour diminuer l’humidité de l’air. Le toit est rapidement apparu comme l’essence de notre concept. Un toit pour se protéger. Un toit pour se rassembler.

Un couvert – Des espaces

Le couvert est un élément de protection face aux diverses situations climatiques pour les usagers et la matière. En effet la terre crue est très sensible à l’eau, il faut de «bonnes bottes», le soubassement, et un «chapeau», le toit, pour l’isoler de toutes infiltrations et remontées capillaires qui peuvent la détériorer. Le travail de la toiture au dessus de ces murs est essentiel afin de les protéger à long terme. Néanmoins, nous avons étendu cette réflexion à la phase chantier. Ce dernier peut être soumis à de nombreux aléas météorologiques, être retardé, et le travail de la terre peut être endommagé. Plutôt que d’adopter un déroulement classique de la construction, avec les fondations des murs, leur montage puis la charpente et la couverture, nous avons décidé d’inverser le processus en démarrant par le toit, assurant ainsi la pérennité des ouvrages durant le chantier. Ce choix peut également servir au confort des constructeurs. Que ce soit en saison sèche ou humide, ces derniers se retrouvent abrités du soleil ou des pluies.

Une fois le couvert construit, les possibilités d’appropriation sont multiples. L’espace abrité peut rester libre et servir de lieu de rassemblement ou de représentation pour la communauté, de workshops, ou plus simplement de préau sous lequel on s’abrite pour se détendre, étudier, se restaurer. Des murs peuvent être dressés pour définir de nouveaux espaces: une classe pour des cours traditionnels, un atelier pour des pratiques manuelles. Ils s’adaptent selon le besoin de la communauté. Il est également possible de penser des espaces plus privatifs sous ce toit, comme des dortoirs ou des sanitaires.

Révéler la culture locale

Le sujet du projet étant la conception d’unités pour la création d’un campus scolaire, ayant pour attrait d’enseigner l’art et l’artisanat local, il nous semble essentiel que notre proposition soit moteur de cet enseignement. D’une part, avec l’utilisation du matériau terre encouragée par la fondation Nka, il est question de révéler les avantages de cette ressource aux habitants locaux afin qu’ils continuent d’entretenir leur culture vernaculaire. Le bâtiment proposé s’attache à employer plusieurs techniques constructives (pisé, torchis, etc.) afin de dynamiser ce processus. Des techniques moins locales sont utilisées afin d’enrichir la culture constructive de la communauté. D’autre part, nous nous sommes penchés sur la question de l’art primitif africain. Ce dernier, bien qu’étant très différent d’une ethnie à l’autre, a comme essence la géométrie. Des formes se combinent, se multiplient, se différencient par leur contraste, et ont été pour nous une source d’inspiration.

Construire un toit

Comme nous l’avons présenté précédemment, l’essence du projet est le couvert. Le toit abrite la terre, protège les usagers, et les rassemble dans un même lieu. Le processus qui a animé sa conception s’est déroulé selon plusieurs réflexions simultanées qui se sont mutuellement enrichies. Nous l’avons pensé de manière structurelle, économique, pratique, et enfin de manière esthétique. Nos premières esquisses abordaient le projet selon la forme d’un «tipi». Le toit droit favorise l’écoulement de la pluie mais offre trop de prise au vent, il est recoupé par le haut. Afin de redonner de la pente pour l’écoulement des eaux, le toit est brisé. Cette démarche permet d’augmenter le volume intérieur, d’améliorer les performances structurelles ainsi que de diminuer le coût de la construction. La structure se divise petit-à-petit selon des sections plus courtes, qui implique l’utilisation de pièces de bois moins importantes, et donc moins chères. Afin de rendre l’espace habitable, des ouvertures sont créées dans les façades pour apporter air et lumière.

A ce stade de la réflexion, les questions structurelles s’entremêlent avec les questions esthétiques. Nous souhaitions que l’art primitif africain puisse être révélée par la forme même du bâtiment. Une tapisserie nous a servi de références, elle compose de manière régulière des formes triangulaires, en jouant sur les contrastes et sur une riche palette chromatique. C’est ainsi que nous avons introduit l’idée de triangulation pour créer les modules de la structure. Ce principe participe d’une part à l’aspect esthétique, d’autre part à l’effort structurel.Afin de nous questionner sur la structure et la faisabilité de nos réflexions, nous avons travaillé en maquette, et ce à différentes échelles. Cela nous a permis de définir les dimensions, les portées, les accroches et la stabilité générale de la structure.

Suite aux questions structurelles et économiques, nous avons déroulé nos recherches autour de la nature du couvert. Celui-ci est composé de toiles, qui à l’image de la peau, s’adaptent aux excroissances du squelette qu’elles recouvrent. L’essence du projet étant de pouvoir se protéger de la pluie et du soleil, il nous semblait intéressant de proposer deux systèmes de protection différents. D’une part, des toiles perméables sont mises en place sur certaines faces de la structure pour s’abriter du soleil. Elles ombrent l’espace et offrent de larges ouvertures pour la ventilation. Ces toiles sont des tissus, pouvant servir de support à l’art pictural des étudiants. La saison des pluies occupant quant à elle un temps plus restreint, des toiles imperméables peuvent être déroulées pour se protéger des intempéries. Un système de chéneaux et de canaux est élaboré afin de récupérer les eaux de pluies qui sont stockées dans des réservoirs appropriés.

Espaces adaptables et évolutifs

Comme nous l’avons énoncé précédemment, les possibilités d’aménagement sous ce couvert sont multiples. Nous avons réfléchi plus en détail sur les unités pédagogiques de l’école, à savoir les classes en abordant les questions de spatialité et de matérialité. Le socle est rapidement apparu comme un élément essentiel de la réflexion. Nécessaire pour éviter les remontées capillaires dans les murs en terre, il est devenu un outil pour la conception des espaces. Le sol est surélevé d’une cinquantaine de centimètres par des longrines périphériques qui délimitent le périmètre de la construction. La finition du sol est réalisée en terre damnée, technique traditionnelle dans l’architecture africaine. Les murs de pisé peuvent alors être érigé sur les longrines. Ils sont ainsi isolés du sol et des ruissellements.Sous le toit, le socle se désaxe légèrement afin d’orienter les espaces et créer un système d’entrée. Par un jeu de décalage, une véranda marque un espace tampon entre l’extérieur et l’intérieur de la classe. Nous avons pensé l’enseignement de l’art et de l’artisanat non seulement sous une forme scolaire dans des salles d’enseignement classique, mais surtout sous une forme pratique dans des espaces plus polyvalents pouvant accueillir des workshops. Ainsi nous ne proposons pas la construction d’une seule unité pédagogique, mais de deux. Ces dernières sont définies par des blocs massifs en terre, qui abritent des espaces de rangement sécurisés, mais aussi les réserves d’eau. Entre ces deux volumes, l’espace est libre et les classes peuvent communiquer. Des panneaux bois coulissants permettent leur connexion, ainsi que leur ouverture sur la véranda.

nicouer@yahoo.fr

Architecte diplômé de l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble, Consultant en Innovation, Steve est le fondateur et directeur de publication du webmagaine archicaine.

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1 COMMENT
  • storms 1 janvier 2019

    joli projet
    Je m’interroge sur la durabilité des toiles qui constituent le toit. Qu’est ce qui a été pensé pour leur renouvellement ? les matériaux de base sont ils locaux ?

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