A Abidjan, les quartiers huppés n’échappent pas à la furie des inondations

(REPORTAGE)

Dans la commune résidentielle de Cocody, au Nord-Est de la capitale économique ivoirienne, le quartier de La Palmeraie et sa célèbre “Rue Ministres”, ont perdu de leur chic et peinent à sortir la tête de l’eau, noyés par les pluies torrentielles qui s’abattent depuis la mi-juin sur Abidjan.

Les eaux de ruissellement ont emporté plusieurs portions de la Rue Ministres, réputée au début des années 2000 pour abriter plusieurs membres des précédents gouvernements. A plusieurs endroits, la chaussée est affaissée, laissant place à de petits cratères qui obligent les automobilistes à se muer en cascadeurs.

Les clôtures de certaines habitations s’effritent de jour en jour alors que d’autres se sont déjà effondrées. La cité baigne dans la boue et des flaques d’eau.   “La Rue Ministres” est devenu “Rue sinistre “, peste une jeune dame, au carrefour “La Plage“, où une crevasse s’est formée depuis plusieurs jours, dévoilant les canalisations autrefois enterrées sous la chaussée.

<< On dirait un campement (petit ensemble d’habitations construites en matériaux précaires ou en terre, établi généralement dans les grandes plantations pour abriter les manœuvres) et c’est dans cela qu’on vit depuis longtemps >>, fulmine un gérant de cabine téléphonique, visiblement furieux, posté à un carrefour.   Cette situation a contraint plusieurs chauffeurs de taxi de la commune à renoncer à cette destination, préférant débarquer leurs  passagers au carrefour Guiraud (du nom d’une célèbre chorégraphe ivoirienne), 500 mètres plus loin.   << Rue ministre ? c’est gâté, ya pas route là bas, on ne va pas là bas >>, lancent la plupart des chauffeurs de woro-woro (taxis communaux), à la gare de la Riviera-Palmeraie.

Dans la commune de Marcory, la Zone 4, un quartier huppé de la capitale abritant la plus forte communauté occidentale et autres expatriés, et bon nombre de cités avoisinantes n’échappent désormais plus à la furie de ces inondations alors qu’elles y avaient échappé au début de la saison des pluies, mi-juin.

Les inondations causées par les pluies diluviennes à Abidjan et dans plusieurs villes du sud ivoirien ont entrainé des éboulements de terrains qui ont provoqué l’effondrement des maisons et causé la mort d’au moins 23 personnes, selon un bilan officiel provisoire.

Si des habitants de la Riviera-Palmeraie parlent d’une “négligence“ des autorités, d’autres appellent plutôt le gouvernement à leur venir en aide, et “anticiper“ ce genre de situation qui n’a que trop duré. Dans cet élan, le conseil du gouvernement a réactivé le comité de crise présidé par le Premier ministre Daniel Kablan Duncan, chargé de faire face aux catastrophes naturelles.

Les autorités annoncent aussi la destruction des zones à risque. “Cette semaine les équipes de démolition du  Ministère de la Construction, du Logement, de l’Assainissement et de l’Urbanisme (MCLAU)  seront sur le terrain. Elles passeront à l’acte“, a promis le ministre ivoirien de la Construction Mamadou Sanogo.

Jack Djossou correspondant Archicaine Abidjan…