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Interview : Fabrice OCHOU,doctorant en économie environnementale

Archicaine met un point d’honneur à mettre aussi en avant la jeunesse africaine qui réfléchit à l'Afrique de demain. M. Fabrice OCHOU fait partie de cette jeunesse prometteuse dont son pays peut déjà être fier et

Archicaine met un point d’honneur à mettre aussi en avant la jeunesse africaine qui réfléchit à l’Afrique de demain. M. Fabrice OCHOU fait partie de cette jeunesse prometteuse dont son pays peut déjà être fier et dont les travaux participeront sans doute à apporter une pierre à l’édifice d’une Afrique consciente des défis environnementaux qui l’attendent.

Présentation et  parcours..

OCHOU Essé Fabrice, 27 ans. Je suis actuellement doctorant en économie.  Après avoir obtenu mon BAC C au Lycée scientifique de Yamoussoukro, je me suis inscrit en Sciences économiques et Gestion à l’Université Félix Houphouët Boigny de Cocody . J’ai obtenu une maitrise en Economie.  Après une année de flottement,  j’ai pu intégrer le très sélectif  programme NPTCI (Nouveau Programme Troisième Cycle Interuniversitaire) qui est un programme qui concerne tous les pays de l’Afrique Francophone dans lequel on sélectionne les « meilleurs » étudiants en économie pour un DEA Master. Notre formation s’est faite en deux étapes. La première dans le pays d’origine (Côte d’Ivoire pour moi) avec des cours approfondis dans plusieurs domaines de l’économie et la deuxième s’est faite à Dakar pour la spécialisation. Dans ce cadre, j’ai choisi l’option de l’Economie industrielle, rurale et de l’environnement.  De retour en Côte d’Ivoire, j’ai pu effectuer ma soutenance de DEA. Je suis aujourd’hui en 2ème année de thèse.

Sur quoi travaillez-vous exactement et selon vous, à quel besoin ou problématique africaine vos travaux vont-ils répondre ?

Pour être précis, je travaille sur l’impact du changement climatique sur l’agriculture ouest Africaine et la quantification du biais de prix dans les études ricardiennes. L’idée est de pouvoir « mesurer »  en termes de quantité et de coût l’impact que les changements climatiques ont sur nos différentes cultures. En plus de cet aspect, nous essayons dans ce travail de quantifier le biais de prix. Plusieurs études ont déjà mesuré les quantités affectées et les coûts qui peuvent en découler. La spécificité de notre travail est de déceler le fait que le changement climatique est souvent surestimé ou sous estimé. Les variations de prix sont souvent dues simplement dans nos pays Africains à des tracasseries routières, conflits sociaux etc… dans ce cas, le changement climatique est surestimé si on ne prend pas en compte ces éléments. Il arrive donc aussi qu’il soit sous estimé. Bref, cela crée un biais puisque les estimations peuvent être mal faites.

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Notre travail pourra donc aider nos pays à déterminer l’impact des changements climatiques sur les cultures importantes et aussi de pouvoir connaitre exactement les facteurs qui affectent les prix et pouvoir les quantifier. Il sera alors possible d’anticiper pour une culture donnée par rapport aux prévisions météo et à l’environnement sécuritaire ou le niveau de corruption par exemple comment le prix pourrait se comporter… Les gouvernements pourront donc prendre des mesures pour prévenir d’éventuelles flambées des prix de certains produits, surtout vivriers. La fin du travail nous permettra sûrement de donner des conclusions plus pertinentes.

Quand on parle d’étude environnementale, on ne peut s’empêcher de penser à l’avancée de l’urbanisation de certaines villes africaines, quel est votre avis là-dessus?

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Pour moi, l’urbanisation est une bonne chose. En termes d’infrastructures et de qualité de vie. Le problème réside dans la manière dont notre urbanisation se fait. Je pourrai dire que l’urbanisation dans nos villes africaines n’est pas planifiée. On fait une urbanisation par tâtons. Les études ne sont pas bien menées avant la construction de certaines habitations et on constate les problèmes qui arrivent souvent. Il est possible de faire une urbanisation « saine » qui tout en répondant aux besoins des populations ne détruira pas l’environnement. C’est, vous le devinez avec moi, la fameuse notion du développement durable. Aussi on a vraiment l’impression que pour plusieurs pays africains, l’urbanisation, c’est d’augmenter les surfaces habitables des grandes villes (à cause de l’exode rural notamment).

Le développement durable est-il un concept qui à sa place en Afrique ?

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Sans réfléchir, OUI. Nous sommes concernés.  Beaucoup pensent qu’on n’est pas concerné parce que nous n’arrivons pas à régler nos besoins d’ordre primaire (nourriture, santé, éducation…). Mais en réalité, tout est lié et si nos pays ne s’engagent pas résolument sur la voie du développement durable, il sera peut être trop tard dans quelques décennies. L’Afrique est un continent d’avenir et nous devons nous battre pour garantir aux générations futures un continent développé sans avoir détruit notre environnement.

Selon vous, est ce que les formations et les moyens mis à disposition des doctorants sont adaptées aux besoins que rencontrent le pays en matière de recherche en économie environnementale? En d’autres termes, qu’est ce qui se fait, et cela est-il suffisant?

Le domaine de l’économie environnementale est relativement nouveau pour nos pays.  Pour le moment, les moyens mis à la disposition des jeunes chercheurs de ce domaine sont de façon générale très peu suffisants. Il n’y a pas assez de bourses propres aux africains qui sont disponibles pour effectuer des recherches. Et quand elles sont disponibles, elles sont pour la plupart financées par les institutions de Bretton Woods, des fondations privées ou tout simplement les programmes des gouvernements Européens. La Recherche en Afrique en général n’est pas assez financée. Les gouvernements ne font pas de la recherche une priorité alors que c’est l’élément crucial du développement d’un pays. Le domaine particulier de l’économie de l’environnement subit alors les mêmes effets. 

Plus globalement, quel est votre avis sur le dynamisme du domaine environnementale et agricole en côte d’ivoire? Y’a t-il un manque de structures ou d’outils?

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On ne peut pas dire que les structures sont suffisantes. On peut toujours faire mieux. Néanmoins, il faut reconnaitre que des efforts considérables sont faits en Côte d’Ivoire. Il existe  déjà un ministère de l’Environnement et du Développement Durable qui lutte pour intégrer les questions de développement durable dans le quotidien des ivoiriens. Aussi, il faut reconnaitre aujourd’hui que dans presque tous les secteurs de développement, des cellules de développement durable sont en train d’être mises en place.  Les structures existent mais les moyens mis à leur disposition sont encore faibles.  Il y’a aussi un bon dynamisme et plusieurs travaux sont effectués. Dernièrement, il s’est effectué l’atelier de validation sur la vulnérabilité agricole face aux changements climatiques en Côte d’Ivoire. L’avenir est donc prometteur…

interview-de-fabrice-ochou-doctorant-en-economie-environnementale-10Un message à la jeunesse et à la diaspora africaine ?

Mon message se résume ainsi : Beaucoup d’encouragements à tous mes amis jeunes qui étudient pour un mieux être et le développement de notre continent. Gardons espoir car notre Afrique peut changer de visage si nous le voulons et si nous y travaillons. Nous ne sommes pas une génération sacrifiée, loin de là, nous sommes une ressource sûre et une richesse incroyable pour notre continent ! Utilisons nos compétences et mettons-les à profit.

Pour mes frères de la diaspora, merci de continuer de rehausser l’image de notre continent.  Vous êtes une fierté pour beaucoup de

familles. Gardez le cap mais n’oubliez pas votre continent car il a besoin de vos intelligences pour son essor. Merci et bon courage !  Dieu nous bénisse !

Merci de vos réponses.

nicouer@yahoo.fr

Architecte diplômé de l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble, Consultant en Innovation, Steve est le fondateur et directeur de publication du webmagaine archicaine.

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